Vernissage Vendredi 29 avril 2022 à 18h30
SIR GÜDEL
29.04. - 30.05.2022
En cassant les limites entre la figuration et l’abstraction, l’artiste réalise une oeuvre dont le processus créatif est primordial. La vérité est ailleurs, loin des préceptes de l’art contemporain actuel et au plus proche des émotions de l’artiste. Tous les éléments sont réunis ici, à la Galerie du Griffon, pour que la rencontre entre les œuvres et le regardeur puisse se faire.
" Sans en avoir conscience, je vis depuis longtemps dans un silence confrontant. En choisissant d’évoluer dans l’art contemporain, le silence est omniprésent dans mon quotidien, compte tenu que face à une œuvre d’art, nous sommes le plus souvent seuls face à nous-même. L’art ne se lit pas d’un simple regard. Tout comme le silence, l’art donne à voir puisqu’il « ne reproduit pas le visible, il rend visible » les choses à soi. Il m’a toujours été difficile de définir ce qui touche le cœur lorsque nous regardons une œuvre d’art, mais je retiendrai le sens le plus profond de l’art : le questionnement sur l’être. La confrontation avec l’art est une expérience vers un au-delà de l’apparence des choses. « D’une façon générale, le but de l’art consiste à rendre accessible à l’intuition ce qui existe dans l’esprit, la vérité que l’Homme abrite ». Il permet de dévoiler et de faire apparaître au grand jour ce qui habituellement demeure en silence : la vérité de notre monde. La manière dont les artistes arrivent à reconsidérer, au-delà du visible, le rapport au réel est fascinant. Les artistes exposés à la galerie portent tous un regard neuf sur notre monde et reflètent une nouvelle réalité de notre temps, remettant en question notre propre perception du temps et de la matière. En laissant les émotions venir à moi face à une œuvre de Sir Güdel, dont le travail m’avait marqué dès la première rencontre, je ressens une grande intensité vibratoire et en même temps une paix intérieure. Les corps qu’il peint disparaissent du champ visuel, laissant place à une nébuleuse d’émission énergétique. Le monde qu’il représente n’est pas celui que nous connaissons ; il nous transporte vers une dimension atomique, où la matière se désagrège pour redevenir mouvement et énergie."
Julien Gonzalez-Alonso, 2022
Huiles sur toile - 180x150 cm
Après avoir fréquenté l’Académie de Meuron à Neuchâtel, Sir Güdel, d’origine neuchâteloise, a obtenu un diplôme de graphiste à l’École d’arts appliqués de la Chaux-de-Fonds (EAA). Il a ensuite expérimenté la prestigieuse École cantonale d’art de Lausanne (ECAL) où, selon ses dires, il y a tout appris : « absolument tout ce qu’il ne fallait pas faire. » L’artiste a bénéficié ensuite d’une bourse de la ville de Neuchâtel pour séjourner à Bruxelles en 2015, puis à Berlin en 2016. Il expose régulièrement ses oeuvres depuis 2014 dans des expositions individuelles et collectives. Ainsi, c’est loin de la doxa des écoles et de sa ville d’origine que l’artiste se connecte au plus près de ses émotions et de ses ressentis afin de peindre des toiles de manière à toucher sa vérité au plus près. Si pour l’artiste le concept ne compte pas, le processus, lui, est au centre de sa pratique. Seule la peinture, la matière, dicte ses gestes.
Sir Güdel vit à Berlin depuis trois ans et demi, une ville dont il apprécie l’anonymat, une certaine liberté qui lui permet de se consacrer entièrement à sa pratique artistique. Car oui, Güdel ne plaisante pas avec sa peinture, elle est sérieuse et entière, oscillant entre figuration et abstraction. L’artiste crée également des objets autour du personnage du champion du monde de l’art contemporain — de la coupe au livre d’encyclopédie — qui sont autant d’éléments servant à mettre à distance avec ironie la pression et l’investissement propres à la création. Güdel peint inlassablement car c’est dans cette pratique qu’il se sent le plus intensément vivant. Un sentiment sûrement amplifié par la souffrance, l’artiste étant allergique à la peinture à l’huile et à ses composants toxiques. Mais hors de question pour lui de changer de matériau, la qualité avant tout ! C’est ainsi que vous pourriez croiser l’artiste en combinaison de protection, muni de lunettes, — en véritable fantassin — se battant pour le titre de champion du monde de la peinture, ou du moins, pour sa peinture.
Comments